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قراءة كتاب Esther

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Esther

Esther

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المؤلف:
دار النشر: Project Gutenberg
الصفحة رقم: 5

dans tous ses Etats, 175
  Le jour fatal est pris pour tant d'assassinats.
  Cieux, eclairerez-vous cet horrible carnage?
  Le fer ne connaitra ni le sexe ni l'age;
  Tout doit servir de proie aux tigres, aux vautours;
  Et ce jour effroyable arrive dans dix jours. 180

ESTHER.

  O Dieu, qui vois former des desseins si funestes,
  As-tu donc de Jacob abandonne les restes?

UNE DES PLUS JEUNES ISRAELITES.

Ciel, qui nous defendra, si tu ne nous defends?

MARDOCHEE.

  Laissez les pleurs, Esther, a ces jeunes enfants.
  En vous est tout I'espoir de vos malheureux freres. 185
  II faut ies secourir. Mais les heures sont cheres:
  Le temps vole, et bientot amenera le jour
  Ou le nom des Hebreux doit perir sans retour.
  Toute pleine du feu de tant de saints prophetes,
  Allez, osez au Roi declarer qui vous etes. 190

ESTHER.

  Helas! ignorez-vous quelles severes lois
  Aux timides mortels cachent ici les rois?
  Au fond de leur palais leur majeste terrible
  Affecte a leurs sujets de se rendre invisible;
  Et la mort est le prix de tout audacieux 195
  Qui, sans etre appele, se presente a teurs yeux,
  Si le Roi dans l'instant, pour sauver le coupable,
  Ne lui donne a baiser son sceptre redoutable.
  Rien ne met a l'abri de cet ordre fatal,
  Ni le rang, ni le sexe, et le crime est e'gal. 200
  Moi-meme, sur son trone, a ses cotes assise,
  Je suis a cette loi comme une autre soumise;
  Et sans le prevenir, il faut, pour lui parler,
  Qu'il me cherche, ou du moins qu'il me fasse appeler.

MARDOCHEE.

  Quoi? lorsque vous voyez perir votre patrie, 205
  Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie!
  Dieu parle, et d'un mortel vous craignez le courroux!
  Que dis-je? votre vie, Esther, est-elle a vous?
  N'est-elle pas au sang dont vous etes issue?
  N'est-elle pas a Dieu dont vous l'avez recue? 210
  Et qui sait, lorsqu'au trône il conduisit vos pas,
  Si pour sauver son peuple il ne vous gardait pas?

  Songez-y bien: ce Dieu ne vous a pas choisie
  Pour être un vain spectacle aux peuples de l'Asie,
  Ni pour charmer les yeux des profanes humains. 215
  Pour un plus noble usage il réserve ses saints.
  S'immoler pour son nom et pour son héritage,
  D'un enfant d'Israël voilà le vrai partage:
  Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours!
  Et quel besoin son bras a-t-il de nos secours? 220
  Que peuvent contre lui tous les rois de la terre?
  En vain ils s'uniraient pour lui faire la guerre:
  Pour dissiper leur ligue il n'a qu'à se montrer;
  Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.
  Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble; 225
  Il voit comme un néant tout l'univers ensemble;
  Et les faibles mortels, vains jouets du trépas,
  Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étaient pas.

  S'il a permis d'Aman l'audace criminelle,
  Sans doute qu'il voulait éprouver votre zèle. 230
  C'est lui qui, m'excitant à vous oser chercher,
  Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher;
  Et s'il faut que sa voix frappe en vain vos oreilles,
  Nous n'en verrons pas moins éclater ses merveilles.
  Il peut confondre Aman, il peut briser nos fers 235
  Par la plus faible main qui soit dans l'univers.
  Et vous, qui n'aurez point accepté cette grâce,
  Vous périrez peut-être, et toute votre race.

ESTHER.

  Allez. Que tous les Juifs dans Suse répandus,
  A prier avec vous jour et nuit assidus, 240
  Me prêtent de leurs voeux le secours salutaire,
  Et pendant ces trois jours gardent un jeûne austère.
  Déjà la sombre nuit a commencé son tour:
  Demain, quand le soleil rallumera le jour,
  Contente de périr, s'il faut que je périsse, 245
  J'irai pour mon pays m'offrir en sacrifice.
  Qu'on s'éloigne un moment.

(Le Choeur se retire vers le fond du théâtre.)

SCÈNE IV.

ESTHER, ÉLISE, LE CHOEUR.

ESTHER.

              O mon souverain Roi!
  Me voici donc tremblante et seule devant toi.
  Mon père mille fois m'a dit dans mon enfance
  Qu'avec nous tu juras une sainte alliance, 250
  Quand, pour te faire un peuple agréable à tes yeux,
  Il plut à ton amour de choisir nos aïeux.
  Même tu leur promis de ta bouche sacrée
  Une postérité d'éternelle durée.
  Hélas! ce peuple ingrat a méprisé ta loi; 255
  La nation chérie a violé sa foi;
  Elle a répudiée son époux et son père,
  Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère.
  Maintenant elle sert sous un maître étranger.
  Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égorger. 260
  Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes,
  Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
  Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel
  Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel.
  Ainsi donc un perfide, après tant de miracles, 265
  Pourrait anéantir la foi de tes oracles,
  Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons,
  Le saint que tu promets et que nous attendons?
  Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches,
  Ivres de notre sang, ferment les seules bouches 270
  Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits;
  Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.

  Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles,
  Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles,
  Et que je mets au rang des profanations 275
  Leur table, leurs festins, et leurs libations;
  Que même cette pompe où je suis condamnée,
  Ce bandeau, dont il faut que je paraisse ornée
  Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés,
  Seule et dans le secret je le foule à mes pieds; 280
  Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre,
  Et n'ai de goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre,
  J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
  Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt.
  Ce moment est venu: ma prompte obéissance 285
  Va d'un roi redoutable affronter la présence,
  C'est pour toi que je marche. Accompagne mes pas
  Devant ce fier lion qui ne te connaît pas,
  Commande en me voyant que son courroux s'apaise,
  Et prête à mes discours un charme qui lui plaise. 290
  Les orages, les vents, les cieux te sont soumis:
  Tourne enfin sa fureur centre nos ennemis.

SCÈNE V.

(Toute cette scène est chantée.)

LE CHOEUR.

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